Cancer du sein et troubles cognitifs : une réalité mal entendue

Les troubles cognitifs dans le cadre du cancer du sein sont source de beaucoup de souffrances inutiles. En anglais, on les nomme chemobrain ou chemofog (chemo : chimio / brain : cerveau / fog : brouillard).

Les troubles cognitifs apparaissent au cours des soins ou en fin de prise en charge. Ils sont hétérogènes, et il est difficile de les cerner chez les patientes. La communication est touchée. Les difficultés sont légères à modérées, et gênent le quotidien, mais n’handicapent pas et ne créent pas de dépendance à autrui.

Environ 30 % des patientes récupèrent 12 mois après la fin des traitements.

Des troubles cognitifs variés

Dans les troubles cognitifs, certaines fonctions cognitives sont plus atteintes que d’autres :

  • Ralentissement du traitement de l’information : il vous faut plus de temps pour construire votre pensée, à faire les choses. Vous avez des troubles de la concentration avec distractibilité de la pensée.
  • Fatigabilité à faire une tâche longtemps avec une forme d’épuisement.
  • Troubles de la mémoire de travail, de la mémoire à court terme, de la mémoire tampon avec saturation.
  • Difficultés phasiques : manque du mot, vous cherchez vos mots, vous utilisez un mot pour un autre.
  • Difficulté d’apprentissage : lenteur dans la réalisation des tâches.
  • Difficulté à récupérer un souvenir : il est stocké et vous avez des difficultés à aller le chercher. Vous mettez du temps à aller chercher l’information et cela est anxiogène.
  • Troubles dysexécutifs : : l’adaptation à l’environnement et la réalisation de tâches du quotidien sont concernées. Une forme désorganisation apparaît, vous mettez plus de temps que prévu ou qu’avant.

Quelle est la source des troubles ?

Selon les études, à l’heure actuelle la radiothérapie seule n’engendre pas de troubles cognitifs.

Les traitements hormonaux amènent un déclin cognitif avec une certaine hétérogénéité : certaines patientes sont plus sensibles que d’autres.

Le cancer lui-même induit un phénomène inflammatoire. Il peut donc impacter le cerveau. Un tiers des patientes est concerné. Le choc de l’annonce, l’anxiété accentuent ces troubles.

En parallèle, un sommeil altéré amène des troubles cognitifs. Il faut traiter le sommeil en première intention avant de traiter le reste. Les troubles du sommeil peuvent également majorer les angoisses.

En somme, nous savons à l’heure actuelle que les troubles cognitifs sont causés par le cancer et les traitements.

Les conséquences pour les patientes

Ces troubles amènent des conséquences bien réelles :

  • Détresse psychologique,
  • Épuisement,
  • Retrait social,
  • Baisse des loisirs et des projets,
  • Retard du retour à l’emploi ou au plein emploi,
  • Remodelage de la cellule familiale,
  • Altération de la qualité de vie générale.

La prise en charge des troubles cognitifs

La prise en charge des troubles cognitifs est pluridisciplinaire et intervient sur différents axes :

  • Sommeil,
  • Alimentation,
  • Activité physique + /- adaptée et/ou intensive,
  • Gestion de l’humeur et du stress,
  • Stimulation cognitive.

Que faire pour améliorer ces troubles ?

  • www.rose-up.fr : vous y trouverez des articles, des sessions d’exercices avec une neuropsychologue pour vous aider à vous réapproprier votre mémoire et gérer ces troubles.
  • Faire du sport adapté ou non.
  • Adopter une alimentation riche en oméga 3 et anti-inflammatoire.
  • www.oncogite.com : association qui vous aide à « reconnecter vos neurones ».
  • Consulter votre médecin généraliste pour des examens complémentaires ou réaliser un bilan chez un neuropsychologue.
  • Exercez votre cerveau régulièrement avec des cahiers d’exercices achetés dans le commerce : sudoku, points à relier, mots cachés, puzzles, …